Escrime: Brice Guyart – “Le jour où j’ai fait de l’imagerie mentale aux JO

Une préparation particulière à l’épreuve

Lors des jeux olympiques, j’étais à la même adresse que mon proche ami, Loïc Attelly. Il y avait une possibilité de nous retrouver à la compétition dès les premières étapes. Nous avons pris la décision de ne pas s’entraîner ensemble pour éviter tout sentiment de concurrence. Malgré cela, nous avons partagé la même chambre. J’ai réussi à obtenir une bonne nuit de sommeil à la veille de la compétition grâce à mon livre de prédilection,
L’Étang d’agrément.

La lecture de ce livre m’a permis de me calmer et de me transporter à un endroit que j’affectionne : l’étang familial que nous sommes en train de réhabiliter. Cet endroit fait partie intégrante de mon enfance, et je le considère comme un palliatif à l’agitation de la compétition.

Le défi de l’affrontement avec un proche

J’étais contraint de rencontrer Loïc dans les phases initiales. Malgré mon appréhension, j’ai décidé de me concentrer exclusivement sur ma performance. Mon mantra pour la compétition était simple et précis; il fallait que je marque le premier point.

Loïc semblait incertain et j’ai profité de l’opportunité pour prendre l’avantage. Il m’a probablement perçu en pleine confiance pendant la préparation, ce qui a sans aucun doute eu un impact sur notre rencontre que j’ai remportée sur un score sans appel de 15-4.

Surmonter un adversaire historique:

Pour l’étape suivante, je devais affronter l’Allemand Peter Joppich qui m’avait précédemment défait aux demi-finales des Mondiaux en 2003. J’ai passablement lutté pour m’adapter à l’arbitrage lors de notre précédente rencontre, mais cette fois, l’arbitre était un Polonais dont le style d’arbitrage me convenait mieux, ce qui m’a permis de prendre ma revanche en remportant le match 15-12.
«Je me suis dit : “Non, mon gars, ce n’est pas fini, pour que tu mettes cette touche, ça va être très laborieux !”»

Les défis de la demi-finale

En demi-finales, j’ai été confronté à l’Italien Andrea Cassara. Cette année-là, il m’avait battu plusieurs fois et la seule fois où j’ai réussi à le battre, c’était sur un score serré de 15-14, et cela avait été rendu possible car il était blessé.

Avant le match, je me suis efforcé de rester calme. J’ai utilisé l’imagerie mentale pour visualiser des expériences positives de ma vie, telles que les grosses vagues lors d’une session de surf – une activité que j’apprécie particulièrement. J’ai utilisé cette visualisation positive pour me concentrer et rester positif pendant le match.

La confrontation décisive de la finale

La finale m’opposait à l’Italien Salvatore Sanzo. Ce dernier possédait plusieurs armes à son arc : une excellente tactique, une pression sans faille sur l’arbitre et un arsenal d’attaques efficaces.

J’ai réussi à rester concentré malgré les provocations de Sanzo. À un moment donné, il a fait un geste avec sa main comme pour m’inviter à l’attaquer, ce qui m’a motivé à ne pas le laisser gagner. J’ai fini par battre cet adversaire redoutable et à être couronné champion olympique!

Après la victoire, ma compagne a réussi à briser la sécurité pour me retrouver sur la piste. Cela a non seulement été une surprise agréable mais cela m’a également permis de réaliser l’impact de ma victoire.

En écoutant La Marseillaise, j’ai ressenti une grande fierté. Cet instant m’a rappelé tous les moments difficiles par lesquels j’ai dû passer, ainsi que toutes les personnes qui m’ont aidé tout au long de mon parcours. Ce fut un moment émouvant qui marquera à jamais ma vie.

Quand la victoire a un goût particulièrement savoureux

Il arrive parfois que l’on remporte une compétition avec une facilité déconcertante, mais ce n’était pas le cas cette fois-ci. Mon chemin vers la victoire a été jonché d’obstacles mentaux et physiques, mais en dépit de tout cela, j’ai réussi à conserver ma détermination et à m’adapter à chaque situation.